Naar hoofdinhoud
Théâtre National Wallonie-Bruxelles

L’urgence de jouer et de s'amuser

Nicolas Buysse - VOIX.E.S

© Laetitia Paillé

Occuper le confinement

Avec plusieurs artistes aux compétences différentes, nous nous côtoyons dans le milieu festif bruxellois : il y a Fabian Fiorini, pianiste et compositeur, Greg Houben, trompettiste, compositeur, chanteur et comédien et Max Merk du groupe électro Stéréoclip.

On commençait à s’ennuyer pendant le confinement. Mais les musiciens doivent de toute façon continuer à jouer et faire leurs gammes. Nous nous sommes proposés de faire des bœufs ensemble et voir ce qui pouvait sortir de ça. C'était juste, à l’origine, pour entretenir notre instrument. En tant que comédien je slamais, je proposais des textes, tandis qu’ils jouaient tous ensembles. Peu à peu, nous avons essayé de trouver un langage commun entre ces 3 musiciens et moi. Nous avons eu envie d'écrire une petite histoire, qu'on pourrait jouer en extérieur, en « covid proof », portant ma marque de fabrique : je fais beaucoup de spectacles sonores, qui allient la musique, le son, la haute technologie de diffusion. On a décidé de convier les spectateurs en extérieur, avec des transats, pour passer l'heure de l'apéro avec eux, en respectant les bulles dans une sorte de concert-spectacle. Cette idée nous est venue car nous avions trop envie de jouer ! Toutes nos tournées avaient été annulées et on s'est retrouvés totalement perdus, avec le vague à l'âme. C'est donc parti avant tout de l’urgence de jouer et de s'amuser.

 

Un vibrant hommage à Thierry

Il a fallu inventer une histoire et là, nous avons pris conscience du problème pour les messes d'adieu des défunts, où l'on ne pouvait pas (et c'est encore le cas) être plus de 10 à 15 personnes. Nous avons imaginé qu'on avait un grand frère, Thierry, décédé pendant la crise même si on ne parle pas de la maladie ou de la crise pendant le spectacle. Pour son enterrement nous n’aurions pas pu nous rassembler à l'époque. Et là, nous aurions la possibilité de faire une grande fête où on rassemble tous ses amis et amies, les gens qui l'ont connu. Et donc on part du postulat que tout le public qui arrive sont des personnes qui ont connu de près ou de loin Thierry, notre frère ainé. Et on s’embarque avec eux dans une balade acoustique en transat. On peut presque fermer les yeux, les gens ont un casque audio, ils ne bougent plus et on repasse sur la vie de Thierry avec les moments forts et les moments plus sombres de ce personnage un peu énigmatique. C’est une sorte de voyage.

Mon écriture est fortement influencée par les musiques. Le spectacle était à cet égard foisonnant, c'est un mix de cultures urbaines, avec la douceur du jazz et les beats - très fins - de l'électronique.

C'était presque un acte de résistance d'embarquer les spectateurs dans notre univers et une grande joie de pouvoir enfin jouer ensemble. Si on avait eu des tournées, on n'aurait jamais eu ce temps pour croiser ces différentes compétences artistiques et avoir 2 mois ensemble à créer. C'était une chance incroyable. Mais nous n'avons pas trop voulu profiter de cet effet d'aubaine non plus, il n’était pas question de reprendre tous les anciens spectacles avec les casques et en faire un festival !

 

Du spectacle au podcast

Je pense que l'équipe artistique du National a dû se retrouver dans ce spectacle. On pouvait déjà l'écouter en fermant les yeux. Pas besoin d'une scénographie ou même de nous voir. Il s'inscrit formidablement bien dans la forme du podcast, sans prétention et dans une grande simplicité. C'est bien aussi d'avoir dans la programmation des pièces avec des thématiques légères pour compléter des thèmes plus durs, qui sont formidables par ailleurs. On a aussi besoin de douceur et d'humour en ce moment. Avec le podcast, c'est aussi un travail de studio différent du live. Nous avons eu la chance de bénéficier de celui du National avec un personnel hautement qualifié et l’aide du créateur sonore Guillaume Istace.

Ceci dit, même si le podcast, est un moyen d’expression qui va rester, et c'est génial, nous avons besoin de jouer et de nous retrouver en live. L'énergie première d'un artiste, c'est de se produire sur une scène, avec des spectateurs, en temps réel.

— Propos recueillis le 21 mars 2021.

Nicolas Buysse présente 
la création sonore
Crépuscule

dans le cadre de
VOIX.E.S, la saison à l'écoute
du Théâtre National Wallonie-Bruxelles
voixes.theatrenational.be
Le Rideau de saison, Maak & Transmettre · photo : Lucile Dizier, 2024