Performance – Installation – Musique
Comment les œuvres d’art, visuelles, littéraires ou musicales sont-elles pensées par rapport à la question de la finitude ?
La collision entre le rêve scientiste de se vivre immortel et l’extinction annoncée de l’humanité est le terrain embrasé à partir duquel Jorge León et une équipe d’artistes invité·es explorent les possibilités d’un devenir commun, dans une expérience déambulatoire où les médiums d’expression convergent pour brûler ensemble d’un autre feu.
La planète brûle. Que dirait Lucy, l’Australopithèque de 3 millions d’années découverte dans le désert éthiopien en 1974 ? La voici convoquée au cœur d’une création immersive qui questionne le fantasme de nos origines, interroge notre finitude et notre désir de la dépasser. Entre archéologie et élans prospectifs.
Dans un espace transformé en champ de fouilles, les spectateur·ices sont invité·es à déambuler librement. Une voix surgit, celle de la soprano américaine Claron McFadden, qui convoque Lucy et la fiction autour de la figure ancestrale : qui serait-elle si elle revenait aujourd’hui ? Quel regard porterait-elle sur le monde dans lequel on vit ? Paroles, chants, gestes et mouvements, images vidéo, créations plastiques, sons et musiques se déploient en constellation sensorielle pour créer un grand corps métaphorique. En jeu : une histoire de l’humanité prise au dépourvu par sa propre existence, écartelée entre la conscience de sa disparition annoncée et l’obsession transhumaniste du prolongement infini de la vie.
Remonter, superposer et prolonger les lignes du temps. Convoquer le passé pour questionner le présent. Allumer la flamme d’un avenir qui se cherche dans un monde dont on ne cesse d’annoncer la fin. C’est l’intention qui anime l’équipe d’artistes réunie par Jorge León, dans un puzzle complexe et vivifiant de disciplines artistiques sœurs. La chanteuse Claron McFadden, la chorégraphe Simone Aughterlony, la compositrice DJ Rokia Bamba, mais aussi l’écrivaine Caroline Lamarche, la performeuse Milka Kongi et huit autres jeunes performeur·ses inventent avec le metteur en scène et cinéaste bruxellois une dramaturgie du fragment et une pratique de l’instant présent.
Genèse
L’idée de Brûler s’est imposée lors de la conférence The End Of Death à Bozar en 2019. J’y étais invité afin de partager mon expérience de réalisateur du film Before We Go (2018) conçu avec des artistes et des personnes en fin de vie. J’y évoquais, entre autres, à quel point le récit occidental est habité par la question de la fin. Comment les œuvres d’art, visuelles, littéraires ou musicales sont-elles pensées par rapport à la question de la finitude ? C’est là que j’y ai rencontré Aubrey de Grey, idéologue du transhumanisme qui affirmait en substance à l’auditoire : « la fin de la fin n’est qu’une question de temps. La mort n’est qu’une maladie que l’on finira par soigner. L’humain qui vivra jusqu’à 400 ans est déjà né. Il est peut-être parmi nous, dans l’auditoire ».
Au-delà de la vision scientiste promue par les transhumanistes, et qui n’est finalement qu’une énième version d’un récit régulièrement resservi, ce qui m’a particulièrement interpellé, c’est la collision entre le fantasme de se vivre immortel et l’annonce quotidienne alarmante qui nous est faite de l’extinction de l’humanité. C’est précisément ce paradoxe qui m’a mis au travail. Il a déjà généré une série d’étapes que je souhaite aujourd’hui réunir dans le contexte de la pièce Brûler, au départ de la figure de Lucy.
Certes, Lucy n’est qu’un squelette incomplet, une architecture d’os fossiles et d’air. Mais c’est précisément, le manque, la poétique de l’absence qui nous permet de donner corps et voix à Lucy. Une manière de matérialiser aussi le fantasme de nos origines. Une manière de questionner davantage notre propre finitude que nous partageons avec tous les êtres vivants. Et surtout, notre désir de la dépasser.
Première le 12.09.2024
Représentation du 12.09.2024 > 15.09.2024 aux Halles de Schaerbeek
Recherche de coproducteur·ses en cours
Téléchargements
Note de dramaturgie
Désimmortaliser
Le rapport à l’immortalité m’a naturellement conduit à explorer le contexte du musée, espace à la fois concret et symbolique où les oeuvres et les objets conservés sont censés nous survivre. C’est dans des musées que les 52 os de Lucy ont séjourné avant d’être soustraits aux regards des visiteur.es pour des raisons de conservation. Immortaliser une œuvre, la préserver dans les espaces muséaux consiste, paradoxalement, à la figer dans le temps. Les musées sont les lieux où les œuvres sont réifiées, où elles acquièrent une valeur symbolique, deviennent intouchables.
Dans Brûler, l’arc dramaturgique principal se déploie concrètement sur le plateau. Entre d’une part, un espace au sol couvert de terre - à la fois, champ de fouilles duquel sont extraites des matières et des formes et atelier où l’on façonne le visage et le corps de Lucy. Et d’autre part, un espace au sol immaculé, white cube où sont exposés les éléments récoltés et fabriqués dans le premier espace, où s’exposent aussi des corps vivants qui perturbent la logique réifiée et intouchable du musée. Le public évolue librement au coeur des lieux en activité. Progressivement, l’espace d’exposition aseptisé est contaminé par les éléments organiques du champ de fouilles / atelier où l’on sonde la terre à la recherche des traces des origines mais aussi des richesses à extraire. Et où l’on crée à partir du sable et de l’argile des nouvelles formes, humaines et non humaines. Le vivant de la création vient ainsi déconstruire l’immortalité des objets « morts » muséifiés, dans l’esprit du « post-musée » proposé par Françoise Vergès dans son ouvrage "Programme de désordre absolu : décoloniser le musée" (2023) : non plus le lieu de patrimoine prétendument neutre et universel mais l’utopie... (... ) qui éveillerait les sens, laisserait se déployer l’imagination et le rêve, où l’on pourrait s’enthousiasmer des créations collectives ou individuelles, des rituels et des gestes qui offrent d’autres manières d’appréhender le monde humain et non humain. — Françoise Vergès, 2023
J’imagine donc un immense espace d’immersion pour les publics. Autrement dit, de nombreuses actions se déploient simultanément sur la scène ouverte à la déambulation. À l’image du musée dans la boîte noire, il n’y a pas de hiérarchie, ni de division entre l’espace du gradin et le plateau.
Tournées
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12.09.2024 > 15.09.2024
BELGIQUE - Bruxelles - Les Halles de Schaerbeek
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08.11.2024 > 09.11.2024
BELGIQUE - Charleroi - Charleroi Danses
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14.11.2024 > 15.11.2024
BELGIQUE - Anvers - De Singel
Informations
Contacts:
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Diffusion internationale : Céline Gaubert - Responsable de la diffusion et des relations internationales
Diffusion FWB : Matthieu Defour - Chargé de production et diffusion
Production : Juliette Thieme - Responsable de la production
Disponible en tournée : 2024·2025 & 2025·2026
Distribution
Création Studio Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Création et mise en scène
Jorge León
En étroite collaboration avec les interprètes
Claron McFadden
Simone Aughterlony
Milka Kongi
et les diplômé·es du Master Danse et pratiques chorégraphiques – INSAS, l’ENSAV – La Cambre et Charleroi Danse
Aimé Gaster
Vio Lacroix
Garance Maillot
Charly Molle-Cousin
Justine Richard
Caroline Roche
Lou Viallon
Loü Viret
Assistanat et dramaturgie
Isabelle Dumont
Assistanat à la mise en scène
Brandon Kano Butare
Écriture
Caroline Lamarche
Autres textes
Elsa Dorlin
Laurence Vielle
(en cours)
Scénographie
Traumnovelle
Installation sonore et composition musicale
Rokia Bamba
Création lumière
Arnaud Eubelen
Création vidéo
Aliocha Van der Avoort
Création costume
Eugénie Poste
Moulages
Bloody Mary sfx
Construction décor et confection costumes
Ateliers du Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Plasticien
Arnaud Vasseux
Réalisation moulages
Stéphanie Denoiseux
Régie générale
Benøît Ausloos
Régie Plateau
Julian Fernandez
Dimitri Wauters
Régie lumière
Arthur Demaret
Régie son
David Defour
Régie vidéo
Ludovic Desclin
Un spectacle de
Jorge León / Present Perfect asbl
Production
Création Studio du Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Coproduction
Charleroi Danse, Halles de Schaerbeek, Muziektheater Transparant, La Coop asbl, Shelter Prod
Avec le soutien de
la Fédération Wallonie-Bruxelles - Service Général de la Création Artistique – Service des projets pluridisciplinaires et transversaux, du Centre des Arts Scéniques, du FRart, du Cirva, de Camargo Foundation, du CEREGE / Institut Pythéas / CNRS, Taxshelter.be, ING, du Taxshelter du gouvernement fédéral belge