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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Hamlet

Christophe Sermet
Compagnie
du Vendredi

Première au Théâtre National Wallonie-Bruxelles le 22 janvier 2025
Série du 22 janvier au 1er février 2025

C’est l’histoire d’un jeune homme dont on attend en retour de l’assassinat présumé de son père - le roi - , l’inéluctable : la vengeance. Incapable d’exercer la violence, Hamlet recourt aux mots, au langage et au théâtre pour la retarder. D’abord, en mettant en scène la pièce qui relate le fratricide afin de piéger la conscience du frère usurpateur. Puis, en jouant luimême la folie pour mener l’enquête under-cover, aux allures de triller politique dans le huis-clos du palais ; enquête qui se révèle être aussi l’exploration de soi, et de sa capacité (ou non) à exercer la violence. Alors que la pièce hésite entre la comédie et la tragédie, Hamlet tue par inadvertance burlesque le Premier ministre, le père de sa fiancée Ophélie. La mécanique tragique est lancée sans que le pouvoir des mots (ou théâtre) n’y puisse rien changer, ni aux pulsions humaines, ni au bain de sang final.

 

Note de dramaturgie

Le théâtre dans le théâtre

Si dans Hamlet, la dimension métathéâtrale m’intéresse particulièrement, c’est parce que le héros se sert du théâtre – du jeu des acteurices et des émotions, qu’il charrie – pour à la fois tenter de percer le mystère de l’intrigue et sonder la part intime dans chaque individu. Qu’y a-t-il derrière les apparences et les convenances ? Que valent profondément les relations entre les êtres, au coeur des relations familiales, amoureuses ou amicales ? Que deviennent les relations humaines au contact du pouvoir ? Je cite : « Le théâtre sera la chose où j’attraperai la conscience du roi. », dit-il, rempli de confiance dans la force du théâtre. A-t-il raison ? La mise en abîme subtilement présente tout au long de la pièce ne doit en rien être démonstrative ou pire, didactique. Elle fait partie du jeu génial que propose la pièce, depuis quatre siècles.

 

Note de mise en scène

Huis clos à ciel ouvert

Hamlet est un huis clos à ciel ouvert, à la fois physiquement et métaphoriquement. Si je ne souhaite pas situer l’action dans un lieu identifiable, je l’imagine clos et sans échappatoire. Une sorte d’île, un plateau flottant où l’on vit et cohabite en vase clos, sous la surveillance de l’entourage proche et pressant. Hamlet déclare à ses amis d’enfance : « le Danemark est une prison ». Ils lui répondent : « alors le monde entier en est une ». Hamlet serait-il un voyage immobile permettant de répondre à la question, qui du monde ou de moi est le plus fou ? Une sorte de pont plat d’une péniche attendant sa cargaison. Un sol et un fond de scène presque neutralisés, révélant les corps des acteurices et misant sur la franchise de leur proximité. Un espace de proximité où circulent latéralement comme en transit, quelques éléments de mobiliers et des accessoires utiles à la reconstitution de l’enquête.

Hamlet se fabrique à vue devant l’assemblée des témoins (ou publics), avec agilité, s’appuyant fermement sur la présence et le jeu des acteurices. Les scènes émergent du groupe. Hamlet a besoin des autres pour exister : il ne se révèle que dans l’échange et l’interaction. Hamlet existe seulement dans le partage et la circulation de la parole, elle est mouvement sur un vaisseau immobile dans l’espace-temps. Les mots, venus de loin, hérités du Baroque, nous arrivent familièrement ici et maintenant.

 

L’enquête comme écriture de soi

Dans le travail d’enquête que mène Hamlet, j’y entrevois une sorte d’écriture de soi avant l’heure. Nous savons que Shakespeare débute l’écriture de la pièce après le décès de son fils prénommé Hamlet. Et qu’il interprète lui-même le rôle du fantôme du père au Théâtre du Globe à Londres.

Hamlet c’est l’intime tourné vers le dehors, le théâtre, le spectaculaire et les spectateurs/spectatrices de toutes les époques. Une manière d’extérioriser (ou exorciser ?) les sentiments trop puissants pour être contenus. C’est quelque chose d’éruptif, qui se traduit dans le mouvement et s’exprime dans les corps, la chair, et sur le plateau.

Hamlet, c’est l’histoire du héros tragique qui bute sur son être intérieur. Qui réalise l’ambivalence de ses sentiments face à la douleur de la perte, au manque. Qui met la tragédie « en pause » pour questionner son être au monde.

Hamlet, c’est l’avènement de l’individu qui prend conscience qu’il est un mystère pour lui-même. C’est la remise en cause du héros viril et monolithique pétri de certitudes.

Hamlet, c’est le doute qui s’insinue partout. Qui mène à la question du libre arbitre, à la question du suicide.

Relire Hamlet nous éclaire. Aujourd’hui, le marketing envahit la sphère de l’intime. Nos intimités, surexposées, trafiquées et démultipliées sur les réseaux sont exploitées et se monnayent à prix d’or. Combien valent nos intimités ? Dès lors, quel est notre rapport au monde ? Traiter de toutes ces questions brûlantes à travers la « tragédie-mère » Hamlet est pour nous la plus excitante des aventures théâtrales possibles. Ce d’autant, que l’expérience singulière de l’accélération du virage numérique due à la pandémie interroge en profondeur le rapport à soi et la fixité de l’identité. Car je suis et je ne suis pas, à la fois. Nous prenons pleinement la mesure de la folie individuelle et collective. Elle tisse le récit.

Christophe Sermet a envie de mettre en scène Hamlet de William Shakespeare, sans débauche de moyens, ni grandiloquence, pour atteindre une justesse, dans le jeu et la forme.

"Mon urgence était contagieuse, partagée et partageable. Pour la Compagnie du Vendredi, comme pour moi, s’atteler à la mise en scène de Hamlet sans le mythifier, c’est se libérer des injonctions stylistiques qu’elles viennent de l’esprit du Baroque ou de la modernité, c’est jouer sur la gamme étendue des émotions, comme une comédie de moeurs qui serait dévoyée, détournée jusqu’à la « tragédie-mère ». Où en sommes-nous aujourd’hui du sentiment tragique ? Comment s’accomplit-il ? Il se pourrait que d’autres questions se posent à nous aujourd’hui urgemment. Être tragique, cela peut-il s’entendre autrement que dans la finitude ? Ou la morale ? Est-ce une question d’identité ? Pouvons-nous être encore tragique ? Malgré nous, et peut-être pour le meilleur ? Il nous reste à le jouer."

— Christophe Sermet

Tournées

  • 22.01.2025 > 01.02.2025

    BELGIQUE - Bruxelles - Théâtre National Wallonie-Bruxelles

  • 06.03.2025 > 08.03.2025

    SUISSE - La Chaux de Fonds - Théâtre Populaire Romand

  • 06.02.2025 > 15.02.2025

    BELGIQUE - Louvain-la-Neuve - Le Vilar

  • 19.02.2025 > 20.02.2025

    BELGIQUE - Tournai - Maison de la culture de Tournai

Informations

Contacts: 
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Diffusion FWB : Matthieu Defour - Chargé de production et diffusion
Production : Juliette Thieme - Responsable de production

Disponibilités en 2024·2025 & 2025·2026

Distribution

Création Studio Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Mise en scène
Christophe Sermet

Avec
Adrien Drumel
François Gillerot
Francesco Italiano
Sarah Lefèvre

Anne-Marie Loop
Nathalie Mellinger
Mathilde Rault

Fabrice Rodriguez
Zoé Schellenberg
Alexandre Trocki

Adaptation & traduction
Christophe Sermet

Collaboration à l’adaptation
Caroline Lamarche

Assistanat à la mise en scène
Quentin Simon

Scénographie et création lumières
Simon Siegmann

Création sonore
Maxime Bodson

Création costumes
Marie Szersnovicz

Construction décor et confection costumes
Ateliers du Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Un spectacle de
Christophe Sermet/Compagnie du Vendredi

Production
Théâtre National Wallonie-Bruxelles, Compagnie du Vendredi

Coproduction
Théâtre Populaire Romand – La Chaux-de-Fonds – Centre Neuchâtelois des arts vivants, maison de la culture de Tournai/maison de création , Le Vilar – Louvain-la-Neuve, La Coop asbl, Shelter Prod

Avec le soutien de
Taxshelter.be, ING et du Taxshelter du gouvernement fédéral belge

Le Rideau de saison, Maak & Transmettre · photo : Lucile Dizier, 2024