Passer au contenu principal
Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Maison Gertrude

Un centre d'art en maison de repos

Dans cette maison, des artistes, des résident·es, des soignant·es œuvrent à faire émerger la poésie du quotidien.
La Maison Gertrude se livre à un travail de luciole. Elle n’organise pas l’irruption de l’art pour éclairer les gens qui y vivent, non, elle tisse des liens entre les artistes et les habitant·es afin de laisser filtrer la lumière à tous les étages, car elle s’y trouve déjà.
Ici l’art sera une boussole joyeuse pour nos vies parfois désorientées.
En mai 2025, le Centre d'art Maison Gertrude sera inauguré au sein de la Résidence Sainte-Gertrude, établissement de vie pour aîné·es. 

Et si les maisons de repos étaient de lieux de vie infiniment riches, des musées vivants dans lesquels la beauté et l’insolite auraient une place de choix ? C’est le pari ambitieux qu’ont choisi de faire Mohamed El Khatib* et le Théâtre National Wallonie-Bruxelles en créant un centre d’art dans une maison de repos bruxelloise.

Un centre d’art en maison de repos ? Quelle drôle d’idée. Quelle belle idée !

Après des recherches entamées en 2021 autour de l’amour passé 65 pour sa prochaine création La Vie secrète des vieux, Mohamed El Khatib fait une série de rencontres avec des résident·es de l’EHPAD Les Blés d’Or à Chambéry. À la suite d’une discussion avec la directrice de l’établissement, il va s’interroger sur la façon d’instaurer un lien durable entre l’art et la vie quotidienne de ces personnes âgées. C’est là que germe l’idée de créer des Centres d’Art permanents dans les maisons de repos.

Démarre alors une aventure humaine dans laquelle l’artiste, accompagné d’une scénographe, transforment l’EHPAD savoyard en centre d’art pluridisciplinaire. Ensemble, i·els ont invité d’autres artistes à tisser un dialogue avec les résident·es et les soignant·es, pour modifier le regard que l’on porte sur les établissements de fin de vie tout en réinventant les limites et la définition d’un espace artistique. Fort de cette première expérience et accompagné cette fois par le Théâtre National, il réitère l’aventure dans une maison de repos de la Ville de Bruxelles, la Résidence Sainte-Gertrude.

« Après 60 ans, chacun·e mériterait d’avoir son musée »

Comme dans un théâtre, une maison de repos est aussi un lieu de vie où l’on voit et l’on entend des corps. Un lieu où l’on raconte des histoires et où surtout, on peut en créer de nouvelles. Christian Boltanski disait qu’après 60 ans, chacun·e mériterait d’avoir son musée, et que tous ces micro-musées constitueraient la mémoire du monde. C’est là que s’établit toute l’essence de ce projet, la transformation d’un endroit duquel on ne pousserait a priori pas les portes en espace ouvert à tous·tes, où chaque résident·e a la possibilité de partager à sa manière son histoire unique et singulière.

Permettre à nos résident·es de découvrir l’art plastique et l’art vivant grâce à la présence et au soutien des artistes, imaginer qu’ils s’exprimeront différemment, qu’ils créeront, qu’ils entreront en communion avec d’autres, qu’ils partageront des moments, des sentiments. Que peut-être de nouvelles passions verront le jour, que certain·es exploreront leurs capacités d’introspection, qu’i·els développeront leur imagination et que de ces ateliers artistiques émergera une collection d’Art qui personnifiera nos murs et nos espaces. Quoi de plus beau que l’Art, les veilles de départ ?
Géraldine Maes, coordinatrice de la résidence Sainte-Gertrude

Il ne s’agit pas tant d’implanter l’art dans une maison de repos que de le révéler là où il existe déjà, en incluant la vie des habitant·es sous différentes formes : textes, vidéos, photographie, dessin, collage…etc. L’idée est de voir émerger des formes de vie et d’expérimentation artistique, et de les valoriser comme autant de façons d’incarner encore une fois le monde.

Méthodologie et objectifs poursuivis

La première phase du projet consistera à mettre en place les conditions d’une co-création avec les résident·es et avec le personnel de la maison de repos. Il s’agira de déterminer également les besoins de celle-ci. C’est à partir de ces réflexions que les artistes seront invités à participer à la création du Centre d’art. Le projet bénéficiera du savoir-faire de Mohamed El Khatib qui transmettra l’esprit, le processus et les outils en imaginant un accompagnement adapté à la réalité de la Résidence Sainte-Gertrude. Le Théâtre National se chargera de la coordination du projet. Des contacts ont été pris avec différents musées afin de bénéficier de leur expertise et de leur réseau d’artistes plasticien·nes émergent·es dans des disciplines artistiques variées. Les artistes travailleront avec les résident·es pour créer des oeuvres d’art à partir de leurs histoires. Parallèlement à ce travail en ateliers, une réflexion aura lieu sur la scénographie à inventer pour mettre en valeur les œuvres dans la maison de repos. Les travaux d’aménagement nécessaires seront menés tout au long du projet.

* Mohamed El Khatib est artiste associé au Théâtre National Wallonie-Bruxelles

 

Avec le soutien de la Ville de Bruxelles, du CPAS de la Ville de Bruxelles et de la Commission communautaire française, du Prix européen Art Explora - Académie des Beaux-Arts. En collaboration avec la Centrale for Contemporary Art, le Design Museum Bruxelles, le Musée Art & Marges et le BPS22 Avec le soutien de l’Ambassade de France en Belgique et de l’Institut Français, dans le cadre d’EXTRA, programme de soutien à la création contemporaine française. 

Le Rideau de saison, Maak & Transmettre · photo : Lucile Dizier, 2024