Murmures intemporels
Quand la mémoire chante
Lorsque notre oreille perçoit les premières notes d’une chanson que nous aimons, quelque chose se passe. Le cœur et le corps se mettent à ressentir, se souvenir, profiter de chaque note.
La technologie nous a permis de transformer une chanson qui s’évanouit après qu’on ne l’ait entendue, en un enregistrement qu’on pourrait écouter encore et encore.
Le projet Murmures intemporels est né d’une envie. Le souhait cher de ne pas oublier et de se donner les moyens de garder une trace. Travailler avec le Théâtre National et la Maison de repos Sainte-Gertrude était une belle opportunité pour créer des souvenirs et mettre en lumière l’importance de l’art dans nos vies.
Charles Franken, mon grand-père paternel, était atteint de la maladie d’Alzheimer. La maladie n’a pas complètement emporté sa mémoire mais, l’a suffisamment abîmée pour que certains souvenirs disparaissent. Lorsqu’il est décédé pour d’autres raisons de santé, j’ai ressenti pleinement cette peur d’oublier. C’est pourquoi je pense que le travail de mémoire est tellement important : la transmission d’histoire, de recettes, de chanson. C’est un travail d’héritage précieux auquel je souhaitais prendre part.
L’objectif général était de rencontrer les résident·es, leur proposer de chanter, de prendre quelques photos. Collecter des éléments qui m’aideraient à créer un pont musical entre les générations, les origines et les cultures.
L’idée était aussi de pouvoir profiter d’une partie de la mémoire quasiment intacte. En effet, la musique entendue dans l’enfance ou dans des moments clefs d’une vie sont solidement ancrés. Ces souvenirs musicaux sont en général liés à des émotions fortes et demeurent dans la mémoire à court terme même si celle-ci est abîmée.
J’ai eu la chance de rencontrer une vingtaine de résident·es. Certains étaient heureux·ses de discuter avec moi de la pluie et du beau temps, sans avoir envie d’être embêté par une contrainte quelconque. D’autres avaient envie de participer et de chanter.
Parfois, ils commençaient à chanter avant même que j’installe le petit micro sur leur vêtement.
Le chant retenti alors et je profite de chaque note, comme un cadeau. Leur regard doux, souriant est fixé sur moi. Je suis le premier récepteur de leur souvenir et chaque fois un sentiment de gratitude m’envahit.
Un projet de l'IHECS et du Théâtre National Wallonie-Bruxelles.
En collaboration avec la Résidence Sainte-Gertrude, la Ville de Bruxelles et le CPAS de la Ville de Bruxelles.