Au fil des rencontres
Vincent Hennebicq
Dans notre ère de surinformation, on sait tout ce qui se passe dans le monde et on est conscient que chaque chose, que chaque acte a ses conséquences. Alors pourquoi continue-t-on à refuser de voir que l’on va droit dans le mur, qu’on a dépassé le point de non-retour ? On parle énormément du réchauffement climatique et pourtant au quotidien on ne fait rien, du moins on ne met pas les choses en place pour le freiner.
Le spectacle est jalonné de rencontres qui sont autant de manières d’aborder ces questions.
Nous avons rencontré une psychologue pour lui demander pourquoi on entrait si rapidement dans le déni. Des climatologues nous ont expliqué très clairement ce qui est en train de se passer sur la planète. Nous avons abordé des gens des gens dans la rue pour discuter de ce qu’ils pensaient de tout cela.
Nous avons écouté Adélaïde Charlier la coordinatrice francophone de Youth for climate pour la Belgique, interrogé un député européen sur ce qui est encore possible de faire sur le plan politique.
Lors d’un échange avec François Gemenne, membre du GIEC*, nous lui avons demandé ce qu’il faudrait pour que les gens se rendent compte qu’il se passe quelque chose de terrible. Et il nous a répondu : une crise sanitaire, une épidémie. Nous étions tout début mars, à quelques jours du premier confinement. Au mitan de la création.
Le spectacle s’articulant en deux parties, comme les deux épisodes d’un podcast, nous arrivions à la fin du premier épisode qui s’intitule L’Effondrement. Le point culminant de cette première partie aurait dû être le Salon du survivalisme qui devait se tenir le 24 mars à Paris. Nous devions rencontrer toute une série de survivalistes. Évidement nous n’avons pas pu le faire.
Mais nous avons continué. Nous sommes restés sur cette articulation en deux parties en nous disant que, même confinés, nous allions, comme prévu, travailler sur les Utopies réalistes, et faire d'autres rencontres, cette fois avec des personnes qui essayent de construire le monde autrement. Nous aurions dû le faire « en vrai », mais finalement cela s’est fait par Skype, Zoom, ou simplement avec des livres.
— Propos recueillis le 23 novembre 2020.
* Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade. www.ipcc.ch
Photo: Eline Schumacher et Olivia Carrère au travail sur La Bombe humaine dans la Grande salle.
Théâtre National Wallonie-Bruxelles, décembre 2020.