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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

La forêt en toile de fond, un univers subconscient dans lequel nous racontons ces histoires.

Un Loup pour l'homme / Violette Pallaro / Interview IV

Le plateau de Tabula Rasa était très sobre. Comment conçois-tu celui de cette production ?
Dans Tabula Rasa, l’élément central était la table. Elément qui s’est progressivement démultiplié et fragmenté. Dans Un Loup pour l’homme, tout se passe dans une forêt.

Pourquoi une forêt ? Parce qu’elle est liée au conte ?
Je suis arrivée progressivement à l’idée de la forêt par ce travail autour du conte et toutes les angoisses qu’on peut y retrouver. La forêt peut être le symbole de tout ce qui est impénétrable, mystérieux…Elle peut prendre différents aspects. S’aventurer dans la forêt peut procurer un sentiment de liberté, de paix, mais cela peut aussi, paradoxalement déclencher l’éveil des terreurs et des phobies. Dans Un Loup pour l’homme, on traverse les quatre saisons. La forêt est ici une toile de fond, un univers subconscient dans lequel nous racontons ces histoires, qui en réalité se passent dans la vie quotidienne, dans un cadre plus urbain.

Cela crée un constant décalage, un écart grinçant . On balance constamment entre la réalité et la fiction, grâce à la scénographie simple et forte de Boris Dambly.

Le titre Un Loup pour l’homme est arrivé très tôt dans la création. On connaît cette citation de Thomas Hobbes qui évoque que l’homme est un loup pour l’homme. Mais je me suis demandée ce qu’était le loup pour moi. En prenant comme point de départ les rapports de pouvoir, de dominant-dominé qui existent entre les hommes, j’ai finalement réalisé que pour moi le loup, c’était cette fiction que chacun porte en soi, que l’on découvre face à soi, et qui crée des ambivalences au cœur même de l’être humain. Cette figure de loup dans la forêt m’a accompagnée pendant toute la création et elle se retrouve finalement sur le plateau.


La lumière est certainement importante si cette forêt évolue avec les saisons.
Pour Xavier Lauwers, qui conçoit la lumière, la forêt est un support très intéressant : les couleurs, les matières, les différents axes, les arbres,… À noter aussi le travail de Thomas Turine. Sa création sonore, tout comme la forêt, participe à l’installation d’une atmosphère étrange tout en provoquant un décalage très singulier. C’est un travail très sensible en constante interaction avec ce qui se passe sur le plateau.

J’aborde ce spectacle comme une comédie sombre et grinçante. On pourrait croire la thématique assez dure. C’est vrai qu’elle est plutôt angoissante et en même temps, ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir en rire. Car rire de l’absurdité humaine cela permet selon moi de s’en détacher, de se prendre moins au sérieux, d’aborder les choses avec la naïveté d’un regard d’enfant. Le spectacle se déploie sur ce fil-là : à mi-chemin entre le rire et l’angoisse.

Le Rideau de saison, Maak & Transmettre · photo : Lucile Dizier, 2024